Ceux qui choisissent la voie politique pour y faire carrière, suivent avec inquiétude, l’actualité « particratique » qui se dégrade et empoisonne leur vie depuis des mois. Elle ne peut que refroidir leur ardeur, ou éveiller leur conscience de classe, s’ils en possèdent une. Il n’est donc pas inutile de leur adresser une mise en garde, car pour s’engager en politique et y exercer des responsabilités, il s’agit de payer d’exemple, de faire preuve d’éthique et de posséder un sens moral élevé, s’adonnant au service de l’intérêt général.
On a aujourd’hui le sentiment que la classe politique est dépassée par les évènements. La confusion règne dans les rangs des politiciens et les commissions parlementaires s’activent au chevet de la gouvernance publique
La confrontation des idées
La propagation des idées libérales, relayées par le dogme médiatique du système marchand et l’intoxication de l’opinion par les communications tendancieuses du gouvernement Michel, ne sont pas étrangères aux actuelles dérives. Ce dernier a en effet pratiqué, en permanence, la désinformation auprès de nos concitoyens. Retranché dans sa tour d’ivoire, au service du patronat et de l’argent roi; enrichissant les riches et appauvrissant les pauvres, il a fait de la rigueur budgétaire, dictée par la Commission européenne, la BCE et les marchés financiers, l’essentiel de sa politique libérale.
Le parlementarisme est lui-même sous influence de la pensée libérale et de son « modèle » de gouvernance économique qui ne reconnait que la réussite individuelle, en mettant les travailleurs en concurrence, les contraignant à être flexibles à outrance; aux ordres de la finance, qui règne sur l’économie de marché.
La marchandisation de la gouvernance publique
Les parlementaires submergés par les scandales qui salissent la gouvernance publique, se heurtent aux règles du droit des sociétés commerciales qui servent de référence à des administrateurs publics pour s’octroyer délibérément des niveaux de revenu indécents, que le droit public et les citoyens ne peuvent accepter. Ces grandes entreprises privées, dont les réseaux d’influences font les lois, dominent la vie économique, offrent des ponts d’or offshore à leurs managers et se donnent les moyens financiers nécessaires, en faisant appel aux avocats les plus zélés, pour assurer leur défense. C’est précisément dans ces sociétés anonymes que se trouve l’argent de la value marchande prélevée abusivement sur le facteur travail. Leur statut de SA autorise des privilèges financiers qui relèvent davantage du détournement de bien sociaux, que de la capacité et du mérite de leurs dirigeants; auxquels s’ajoute l’évasion fiscale à grande échelle. Mais dans le privé, on ferme les yeux, c’est la norme? On y fait des affaires. C’est le modèle libéral.
Les commissions parlementaires auraient-elles leurs limites? Et la démocratie aussi? Lorsqu’elles enquêtent sur les affaires : De Decker-Kubla-Chodiev…, Panama papers, Lux Leaks et bien d’autres aussi obscures, passant sous silence la finance offshore qui s’offre, discrètement les services: de ministres, de parlementaires, ou chefs d’Etat, d’avocats, de fiscalistes, de journalistes ou autres lobbies. Tous ces parvenus sans conscience, ni morale, impliqués dans les affaires, servent avant tout leurs intérêts personnels. La fraude et le « profitariat » relèvent évidement du modèle libéral de gouvernance, auquel, comme nous l’avons vu, des Moreau et consorts, chez Néthys ou ailleurs se comparent volontiers pour fixer leurs statuts et rémunérations. Quoi d’étonnant, dès lors que cette contagion libérale gagne la classe politique et ternissent les fondements de la démocratie. Il est temps que les élus retrouvent leurs devoirs et leur conscience politique. Car l’offre politique s’appauvrit par manque de talents.
Voilà pourquoi le management public et les élus doivent relever le défi en faisant preuve de rigueur dans l’exercice honorable de leur mandat, avec les qualités humaines requises, qu’on leur reconnaît et qui ne peuvent être l’objet d’aucun marchandage.
Qu’en est-il dans les entreprises?
On attend aussi davantage des élus, qu’ils soient attentifs au monde du travail et de ses valeurs collectives de solidarité, en soulignant la plus-value que lui confère le dialogue social entre partenaires économiques, en premier lieu dans les entreprises.
L’Etat protecteur, veilleur de nuit, ne peut être instrumentalisé par un gouvernement qui obéi à des intérêts privés, Il ne peut court-circuiter, comme il le fait actuellement, les représentants des salariés dans les négociations paritaires.
En revanche, les parlementaires seraient bien inspirés, de condamner sans détour, les modes d’exploitation du travail par des managers qui ne respectent pas les législations du travail et ne reçoivent d’ordre que de leurs maîtres et lobbies, responsables de la financiarisation de l’économie, qui appauvrissent le travail et les entreprises. Ce travail, enjeu de tant de convoitises, constitue l’actualité : en France où le nouveau gouvernement mis en place par Macron et son parti « LREM » usent d’ordonnances pour court-circuiter la concertation sociale et les relations paritaires, dans le but d’imposer son Code du Travail confectionné, en sous-main, par Gattaz et le MEDEF; mais aussi en Belgique où le gouvernement ultra-libéral de Charles Michel force la loi « Travail » du ministre Peeters qui rend les travailleurs de plus en plus flexibles, au profit d’employeurs de plus en plus cupides..
La gouvernance publique pour exemple.
Reflet d’histoire: Fin des années 1970 et début des années 1980, à la suite de la première réforme de l’Etat et du vote de la loi cadre portant l’organisation de la planification et de la décentralisation économique, les pressions du front commun syndical wallon porteront sur la revendication de l’initiative industrielle publique. Celle-ci verra le jour avec la gouvernance socialiste, dans le but de limiter la casse du tissu industriel de la Wallonie, abandonné par les holdings appartenant aux riches familles bourgeoises francophones de Belgique.
Cette importante initiative destinée à relancer l’économie et l’emploi fut délibérément sabotée politiquement par les ministres libéraux. Il en fut de même lorsqu’il s’agit du projet de création d’une Ecole de management public. Les partis de droite, libéral en tête, proches du monde des affaires, s’y opposèrent. Cet institut de management public agréé, chargé de la formation des cadres, devait constituer un outil essentiel pour certifier la saine gestion et la bonne gouvernance des entreprises et services publics. Mais en outre, en matière de management économique, il aurait pu, en cette période de déclin, nous prémunir de nombreux comportements frauduleux et de multiples fermetures d’entreprises industrielles importantes, que le patronat a bradé à des sociétés multinationales en quête de croissance par acquisition-absorption de concurrents. Les actionnaires y gagnèrent des fortunes, au prix de milliers de pertes d’emplois.
Ainsi la Wallonie se désindustrialisa. Les actionnaires, les patrons privés, propriétaires et la bourgeoisie libérale au pouvoir portent une lourde responsabilité dans le déclin de l’économie wallonne. A présent, qu’ils sont de retour aux affaires et que l’économie, l’emploi et la formation sont entre leurs mains (le ministre MR Jeholet), on ne peut qu’être inquiets et s’attendre à un affaiblissement des outils économiques et financiers publics wallons, à l’intérieur desquels se trouvent déjà des administrateurs MR au sein de leurs conseils d’administration. C’est le loup dans la bergerie.
Pour les libéraux la privatisation est un must. Pour les travailleurs, l’entreprise est avant tout, leur lieu de travail.